Jean-Marc Decrop (2010)

Une rencontre

Jean-Marc Decrop CNES Expert en art contemporain

C’est dans sa maison-atelier du midi que j’ai découvert les sculptures de Marie-Noëlle de la Poype. Plantées en terre ou posées sur des socles en ciment, elles arboraient ces formes si étonnantes inscrites dans les contours de vertèbres et d’ossements de cétacés marins. J’étais frappé par cette matière brute, parfois recouverte d’une laque jaune appliquée avec soin, donnant un éclat brillant, une impression soyeuse et moderne.

Alors que Marie-Noëlle me parlait de son travail, son mari me relatait ses dernières découvertes de mammifères marins . Une passion partagée pour la nature, et pour cette ancestrale matière première d’ossements, transportés depuis la Patagonie pour donner vie aux étonnantes sculptures de Marie-Noëlle. J’aimais ce travail et le regard calme que Marie-Noëlle posait sur les choses, ce fut le début d’une belle amitié.

Les sculptures composées d’ossements -entiers ou brisés- se dressent, vertébrées comme l’élan, dans une verticalité toute symbolique. Tentative pour communiquer avec l’invisible, pour rejoindre l’absolu ? Etonnantes figures totémiques, elles constituent un manifeste venu du fond des temps pour exprimer une liberté, une certaine volonté de dépassement.

La verticalité se joue dans les 2 sens : élan vers l’absolu, mais aussi aiguille qui s’enfonce dans les profondeurs, dans la préhistoire, dans les fondements de l’organique et de l’humain. C’est d’ailleurs là, dans les profondeurs des mines que Marie-Noëlle trouvera le deuxième matériau qu’elle privilégie pour s’exprimer : l’ardoise.

À nouveau les sculptures se dressent, matière brute, structures minimalistes, témoignage d’une activité humaine liée au sacré, elles évoquent le rite et une activité druidique.

Ses tapisseries de pierre, à l’instar de « Once upon a time » prennent l’aspect de parois troglodytes, que l’on imagine comme le décor quotidien d’êtres de la préhistoire ou d’extra-terrestres dotés d’une technologie futuriste : c’est à la fois simple et d’une étonnante modernité.